Type Synanceia ou Poisson-pierre


Il est plus communément appelé Poisson-pierre.
Il est très répandu dans les eaux tropicales. Parmi les animaux aquatiques venimeux, il occupe une place de choix car les blessures qu'il inflige sont certainement les plus graves de toutes.

Caractères généraux des Poissons-pierres.



     Le poisson-pierre est d'une laideur extraordinaire. La peau des Synancées ne comporte aucune écaille. Leur corps est presque uniforme, recouvert de verrusités multicolores ressemblant à des algues encroûtantes. Ces "verrues", qui correspondent à des glandes sous-cutanées ont donné leur nom à Synanceia verrucosa.
La taille moyenne est, en général, de 15 à 30 centimètres, mais peut atteindre 60 centimètres. Sa tête est large et un peu aplatie. Ce corps très massif en avant, s'amincit fortement vers la queue. La tête n'est pas épineuse mais offre des reliefs ou crêtes qui ont une forme caractéristique. La bouche, fendue verticalement, est très protractile (capable d'être projeté, se dit souvent d'une bouche ou d'un organe lancé rapidement, typiquement pour capturer une proie).
Une fois fermée, elle a la forme d'un croissant dont les extrémités sont dirigées vers le bas et la convexité vers le haut. La mâchoire est garnie de petites dents fines. Les yeux, petits, sont dirigés vers le haut. L'appareil operculaire est original car muni d'une valvule permettant à la chambre branchiale de ne pas être envahie par le sable dans lequel s'enfouit l'animal. De plus, les branchies sont ainsi isolées et ne se dessèchent pas à l'air, ce qui permet à la Synancée de vivre longtemps hors de l'eau.
Les nageoires dorsales sont fortes, comme les pectorales qui possèdent des rayons durs enveloppés d'une membrane verruqueuse.

La couleur de la robe est variable en fonction du milieu (reflet du mimétisme important chez ce poisson). Sa livrée a une dominante brune.
Très fréquent sur le littoral réunionnais, aussi bien dans le lagon qu'à l'extérieur du récif, le poisson-pierre affectionne les fonds vaseux, légèrement sablonneux, dans lesquels il s'enfouit partiellement.
Sédentaire, il vit le plus souvent posé sur le fond à une profondeur faible, mais peu toutefois être rencontré en pleine mer à 30, 40 mètres et plus. A marée basse, il peut rester partiellement immergé dans un trou de récif ou dans une flaque d'eau. Ceci est possible car il est particulièrement résistant et peut vivre au moins 24 heures hors de l'eau.

Ce mode de vie (sédentaire) convient parfaitement à ce poisson qui a un camouflage lui permettant d'assurer sa survie et son développement sans avoir à se déplacer.
Son camouflage semble résulter de la présence d'un liquide laiteux sécrété par les glandes cutanées verruqueuses, qui permet aux algues, débris et petits animaux sédentaires d'adhérer, ce qui accentue son mimétisme.

A ce camouflage s'ajoute une aptitude à changer les nuances de sa robe en moins de 14 jours lui permettant de s'adapter aux couleurs du milieu, allant du marron-noir sur les fonds foncés, au beige sur les fonds clairs. Cette homochromie, renforcée par une morphologue adaptés et cette couche de "drap marin" le dissimule parfaitement aux yeux des profanes. Seul les yeux du poisson-pierre trahissent son camouflage. Ceux sont eu le plus souvent qui attirent notre attention et nous permettent de récupérer l'animal.
Carnivore, sa technique de chasse tient compte de ses habitudes. A l'affût d'un poisson herbivore leurré par la présence d'algues sur son dos ( ce qui présente une association de type symbiotique ; les algues elles-mêmes protégées), il aspire sa proie d'un formidable mouvement de gueule.


Localité du poisson pierre
Appareil venimeux des Poissons-pierre

     Il est important de noter que l'appareil venimeux du Poisson-pierre est purement défensif et ne peut jouer aucun rôle dans la capture de ses proies.
L'appareil venimeux comprend 13 épines dorsales, 3 épines anales et 2 pelviennes associées à leurs glandes à venin, ainsi que la gaine membraneuse qui les entoure.
Enfouies dans cette gaine, les anales et les pelviennes ne peuvent être considérés comme fonctionnelles en tant d'organe venimeux. Seules les dorsales présentent un risque réel.

Chaque épine possèdent deux sillons latéraux creusés dans leur épaisseur et situés de chaque côté. Sur chacun d'entre eux s'adapte une glande à venin fusiforme qui est reliée à l'épine par un tissus conjonctif qui agit comme un ligament rattaché à son coté proximal. Le côté distal de la glande se poursuit en formant avec le sillon de l'épine un canal excréteur. Par pression exercée sur la glande, on constate que le liquide passe dans le conduit pour être libéré à l'extrémité de l'épine. Les deux glandes à venin portées par un épine dorsale contiennent approximativement 5 à 10 milligrammes de venin.

Le mécanisme d'expulsion du venin est simple. Quand on force la gaine vers la glande et vers l'extrémité proximal de l 'épine, le diamètre étant beaucoup plus large, le bord de l'orifice de la gaine est étiré et tendu autour de la glande. Il exerce ainsi une très forte pression sur elle et l'écrase jusqu’à ce que son contenu soit expulsé avec grande force par le canal excréteur vers l'extrémité distale de l'épine. Il est donc indispensable qu'une pression soit exercée par cette gaine membraneuse qui entoure les épines.
Ce sont les fibres de collagène, très résistante de la gaine membraneuse qui lui permettent d'exercer une si forte pression sur la glande. La sécrétion venimeuse est de type holocrine.

Venins et toxines

Le venin des Synancées est intéressant du fait de sa puissance qui le rapporte au venin de cobra. Les études biochimiques ont conclues que le venin était composé de quatre facteurs principaux actifs biologiquement :

  •          une fraction enzymatique (la hyaluronidase)
  •         un facteur de perméabilité capillaire (mesure dans laquelle une substance est capable de traverser la barrière hémato-encéphalique, qui sépare le système nerveux central de la circulation sanguine dans le cerveau)
  •          une fraction létale ou toxique (capable de créer des modification vasculaires)
  •          un facteur producteur de douleur (celle-ci produite par le venin, peut aussi être due à chacun des autres composants)

La hyaluronidase
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Chaque glande venimeuse des épines dorsales renferme environ 0,03 mL de sécrétion venimeuse, c'est-à-dire 3 mg de venin sec contenant un mélange de toxines protéiques de masse molaire élevée. Expérimentalement, le venin du poisson-pierre entraîne un bloc auriculo-ventriculaire et une fibrillation ventriculaire, une hypotension brutale, et une paralysie des muscles squelettiques, due soit à une libération massive de neurotransmetteurs, soit à des lésions neuromusculaires. La stonustoxine, extraite du venin de Synanceja horrida, possède une masse molaire de 150 kDa environ, et est constituée de deux sous-unités (une sous-unité alpha et une sous-unité béta). La séquence en aminoacides de chacune de ces sous-unités ne présente pas de similarité avec les autres protéines. Comme le venin brut, la toxine provoque une rapide hypertension, principal mécanisme de son effet létal
Comme énoncé précédemment, le venin contient aussi une hyaluronidase très active, qui peut agir comme un facteur de diffusion en ouvrant les espaces intercellulaires favorisant ainsi une pénétration rapide des toxines.

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