Pour les animaux, les
actions toxiques affectant le système nerveux ,
par inhibition ou blocage causant une paralysie musculaire, sont un
moyen très efficace pour immobiliser la proie. En conséquence, les
neurotoxines sont
parmi les plus importants constituants des venins de serpent. Ceci
inclut les toxines qui présentent une haute spécificité pour les
membranes nerveuse, notamment les membranes excitables, les
récepteurs et les canaux ioniques, auxquels elles se lient, avec une
remarquable affinité très spécifique.
Comment les neurotoxines parviennent-elles alors à susciter de telles réactions dans notre système nerveux?
Les neurotoxines de
venin de serpents interviennent au niveau périphérique, mais pas
sur le système nerveux central., car ces protéines sont incapables
de traverser la barrière hémato-encéphalique. La barrière
hémato-encéphalique est une barrière physiologique présente dans
le cerveau chez tous les tétrapodes (vertébrés terrestres), entre
la circulation sanguine et le système nerveux central (SNC). Elle
sert à réguler le milieu (homéostasie) dans le cerveau, en le
séparant du sang. a barrière hémato-encéphalique protège le
cerveau des agents pathogènes, des toxines et des hormones circulant
dans le sang. Elle représente un filtre extrêmement sélectif, à
travers lequel les aliments nécessaires au cerveau sont transmis, et
les déchets sont éliminés. À très faible dose et avec une haute
spécificité, les neurotoxines bloquent la transmission
neuromusculaire au niveau des synapses motrices, c'est-à-dire à la
jonction neuromusculaire.
En fonction de
leur mode d'action, les neurotoxines peuvent être classées par
groupes.
- Les toxines agissant sur la membrane post-synaptique (la membrane cellulaire du muscle opposée à l'extrémité du neurone), se fixent sur un récepteur: le récepteur nicotinique à l'acétylcholine au niveau de la plaque motrice, empêchent son interaction avec le neuromédiateur et bloquent la transmission neuromusculaire. L'affinité des neurotoxines de venin de serpent pour ce récepteur est grande et partiellement irréversible. C'est grâce à ces toxines que les neurophysiologues ont identifié et caractérisé l'acétylcholine pour la première fois.
- Les toxines agissant sur la membrane présynaptique (la membrane du neurone) de la synapse neuromusculaire. Il existe deux types différents de ces toxines, avec deux modes d'action distincts :
- Les phospholipases A2 neurotoxiques (protéines multifonctionnelles pouvant être considérées comme toxines): elles interfèrent avec la libération du neuromédiateur acétylcholine au niveau de la plaque motrice.
- Les toxines bloquent les canaux ioniques : elles provoquent une augmentation de la libération du neuromédiateur.
Ces
polypeptides que potentialisent la libération de
médiateurs à partie des
synapses périphériques et centrales se trouvent de façon
prédominante dans les venins de manba. Appelés dendrotoxines,
ils présentent des similitudes structurales remarquables avec les
inhibiteurs de proétinases pancréatiques,
mais ils n'inhibent ni la trypsine ni la chymotrypsine. En revanche,
ils bloquent plusieurs types de canaux potassium, ce qui induit une
augmentation de la libération des médiateurs. Dans de nombreux
venins, particulièrement dans ceux de cobras, les cyto ou
cardiotoxines sont présentes
en forte concentration (30 à 40%). Ce sont des polypeptides composés
d'une chaine de 60 à 63 acides aminés, stabilisée par 4 ponts
disulfure avec les neurotoxines « courtes », mais
diffèrent par la position de quelques acides aminés importants pour
la toxicité. In vitro, ces toxines hautement basiques induisent une
lyse cellulaires , par exemple une hémolyse (lyse des globules
rouges), due à leur effet détergent à forte concentration. D'autre
part, elles dépolarisent les membranes excitables, même à faible
concentration, où elle forment des canaux ou activent des
phospholipases A endogènes. En général elles produisent des
changements dans la structure membranaire qui
restent encore mal compris. Le rôle qu'elles jouent dans
l'envenimation n'est pas clair.
De
plus, les venins de serpent contiennent de nombreux autres
composants, dont le mode d'action précis est partiellement connu :
inhibiteurs de cholinestérase et
toxines qui bloquent les canaux calcium.
Pour en savoir plus sur les phospholipases A2, rendez-vous sur notre page Le venin d'abeille (zoom sur les phospholipases A2)
.
Après
sa synthèse dans la cellule pré-synaptique, le
médiateur (l'acétylcholine) est stocké dans les vésicules et
libéré quand la cellule nerveuse est excitée. Les vésicules
s'échappent de la membrane pré-synaptique et l'acétylcholine (A)
est libérée dans la fente synaptique ( par exocytose). Ce processus
est déclenché par des ions calcium; l'impulsion électrique
nerveuse provoque la pénétration des ions calcium au travers des
canaux brièvement ouverts, ce qui induit la libération du
neuromédiateur. L'acétylcholine est rapidement hydrolysée par une
cholinestérase. Les venins de serpent interfèrent avec ce mécanisme
de différentes façons. Au niveau de la membrane pré-synaptique,
les toxines-phospholipases A
2
provoquent une augmentation de libération des neuromédiateurs, qui
est suivie par un bloc neuromusculaire total : α-
et κ
-neurotoxines
bloquent le récepteur à l'acétylcholine (le neuromédiateur). La
calciseptine, autre peptide, bloque les canaux calcium. Le blocage
des canaux potassium sur la membrane nerveuse sur la membrane
nerveuse par des peptides comme la dendrotoxine peut avoir des effets
supplémentaires, par exemple synergiques.
Cliquez ici pour en savoir plus sur le venin de cobra et son mode d'action
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